Date de publication : le • Modifié le 13 janvier 2022 • Temps de lecture : min.

Recherche cardiovasculaire

Interview d’Orianne WEIZMANN, boursière FFC

La Semaine du Cœur s’est tenue du 20 au 29 septembre dernier. Il s’agit de l’un des moments forts de l’année pour notre Fédération

En parallèle de la Semaine du Cœur, les « Rencontres chercheurs » sont organisées sous forme de conférences par la FFC et les Associations régionales de Cardiologie. Nous avons souhaité poser quelques questions à Orianne WEIZMAN, interne en cardiologie au CHRU Nancy, qui est intervenue lors de la rencontre chercheurs du 23 septembre 2021 à Nancy sur le thème de « la mort subite de la femme jeune ».

POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER AINSI QUE VOTRE PARCOURS ?

Je suis interne de cardiologie depuis maintenant 4 ans, j’ai stoppé mon parcours clinique pour me concentrer sur la Recherche fin 2019. Depuis le début de mon cursus, j’avais toujours voulu m’intéresser à ce domaine. Quand l’occasion de travailler au sein du Centre d’Expertise de la Mort Subite (CEMS) à l’Hôpital Européen Georges Pompidou à Paris s’est présentée, j’ai sauté sur l’occasion ! J’ai pu passer une année dédiée entièrement à la Recherche dans les locaux du CEMS, en combinant cela à un enseignement théorique (un Master 2 en Biostatistiques médicales). Depuis j’ai repris une activité clinique hospitalière et termine mon internat à Nancy. Je n’ai pas pour autant stoppé de travailler dans la recherche. Grâce à l’accueil et au soutien du CEMS, j’ai continué plusieurs travaux sur le thème de la mort subite de la femme avec eux !

POURQUOI AVOIR CHOISI DE SOUMETTRE VOTRE PROJET DE RECHERCHE À LA FFC ?

Lorsqu’on met en pause sa pratique clinique et son internat pour se concentrer sur la recherche, il est nécessaire d’être bien accompagné. En soumettant mon projet de recherche à la FFC, j’ai pu bénéficier d’une aide financière au cours de mon année de Master 2. Cela m’a notamment permis de régler mes frais de scolarité à l’Université de Paris, de me déplacer souvent entre Paris et Nancy et d’appréhender sereinement cette année de « césure ». De plus, la FFC est un organisme pour qui le coeur de la femme a toujours été une priorité. C’était donc naturellement le partenaire qu’il fallait !

EN TANT QUE JEUNE CHERCHEUSE, QUELLE EST L’IMPORTANCE D’ÊTRE ACCOMPAGNÉE PAR LA FFC DANS LE CADRE DE VOTRE PROJET ? QU’EST-CE QUE CELA VOUS APPORTE ?

C’est une vraie sécurité et un cadre pour avancer dans un projet. Je remercie infiniment la FFC de m’avoir fait confiance pour cette première étape de ma vie de chercheur. L’aide et le support fournis par la FFC sont des outils de grande valeur pour poursuivre chaque idée et en développer de nouvelles. J’espère convaincre à nouveau le comité scientifique pour mes futurs projets de recherche sur la mort subite de la femme. Cela nous permettra de progresser tous ensemble sur ce sujet qui reste encore trop peu exploré !

EN QUELQUES MOTS, POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER VOTRE RECHERCHE SUR « LA MORT SUBITE DE LA FEMME JEUNE » ?

Grâce au travail effectué depuis 2011 au CEMS, tous les cas de mort subite de Paris et la petite couronne ont été recensés de manière exhaustive. Les caractéristiques des patients, leur maladie cardiaque et leur pronostic ont été colligés au sein d’une des plus grandes bases de données sur la mort subite d’Europe. Au sein de cette base d’arrêts cardiaques en dehors de l’hôpital, nous avons effectué un travail focalisé sur les femmes et particulièrement les femmes jeunes. Jusque-là très peu étudiées, nous avons constaté que ces femmes jeunes présentant une mort subite ont un pronostic sombre. Seules 40% sont admises vivantes à l’hôpital et 15% survivent au terme de l’hospitalisation. La cause de cette mort subite est encore trop souvent méconnue : dans plus de 75% des cas, nous n’avons pas de diagnostic ! Parmi celles qui sont admises vivantes à l’hôpital, la mort subite est souvent due à un infarctus, même à ce jeune âge. Celles qui sont malheureusement décédées avant l’admission ne bénéficient que trop rarement d’une autopsie. Sans diagnostic final, nous ne pouvons pas effectuer de manière efficiente un dépistage ciblé de leur famille ou proposer d’autres traitements afin d’éviter que cet épisode se reproduise dans leur famille. Il n’est en effet pas rare que des maladies cardiaques génétiques soient à l’origine de l’arrêt cardiaque. Pour toutes ces raisons, il faut absolument tenter d’améliorer le diagnostic chez ces jeunes patientes.

QU’AVEZ-VOUS PENSÉ DE LA POSSIBILITÉ DE PRÉSENTER AU GRAND PUBLIC VOS TRAVAUX À L’OCCASION DE LA RENCONTRE CHERCHEURS DE NANCY ?

Originaire de Nancy, c’était un plaisir pour moi de présenter mon travail de recherche dans l’hôpital où je me rends tous les jours ! Le thème de la mort subite touche, à bien des égards, le grand public. Pourtant, il est difficile d’expliquer que ce n’est pas seulement l’arrêt cardiaque du footballeur comme à l’Euro cet été. J’espère avoir fait passer le message que la mort subite peut survenir à tout âge et quel que soit le genre. Même si elle est moins fréquente chez la femme, elle peut survenir aussi, y compris avant 40 ans. La simple connaissance de son existence peut suffire à sauver des vies et débuter une réanimation rapidement chez tout le monde !