Date de publication : le • Modifié le 21 mai 2021 • Temps de lecture : 4 min.

INSUFFISANCE VEINEUSE : LES SITUATIONS À RISQUE

Insuffisance veineuse : les situations à risque

L’insuffisance veineuse chronique des membres inférieurs est une des affections les plus fréquentes dans les pays industrialisés. Il existe encore aujourd’hui très peu de données sur la prévalence de cette affection mais selon l’Insee, en 1996, près de 18 millions de Français souffraient de problèmes de circulation veineuse et environ 10 millions étaient atteints de varices1. Si les varices sont le mode de présentation la plus connue dans la population, elles ne résument pas à elles seules cette maladie qui peut aussi toucher les veines plus profondes non visibles à la simple inspection.

Comprendre l’insuffisance veineuse

L’insuffisance veineuse se traduit par un mauvais retour veineux. Le sang circulant dans les veines des membres inférieurs présente des difficultés à remonter vers le cœur. Cette affection résulte le plus souvent d’une perte d’élasticité et de tonicité des veines, ainsi que d’un dysfonctionnement des valvules situées sur la paroi veineuse qui ont pour rôle d’empêcher le reflux, ou, en d’autres mots, d’aider le sang à remonter vers le cœur. En position debout, le sang doit lutter contre la pesanteur pour remonter des pieds jusqu’au cœur mais en cas de maladie veineuse, le sang stagne dans les veines des membres inférieurs.

Son évolution

En l’absence de traitement, la stagnation du sang dans les jambes, aussi appelée « stase » va entrainer un phénomène d’auto-aggravation : elle est source de dilatation veineuse, elle-même responsable d’aggravation de l’incontinence des valvules et donc source d’augmentation de la stase. Elle peut également entrainer sur le long terme de graves complications telles que la thrombose veineuse (phlébite) ou l’embolie pulmonaire.

La thrombose veineuse est caractérisée par la formation et le développement d’un caillot sanguin (thrombus) dans une veine. Cette thrombose peut toucher les veines profondes, principales voies de retour veineux, ou bien les veines superficielles (sous-cutanées) plus facilement identifiables… Dans certains cas, il peut arriver que le caillot se détache de la paroi veineuse, remonte vers le cœur via le sang jusqu’à atteindre une artère pulmonaire et causer son obstruction, c’est l’embolie pulmonaire.

Assez fréquente (300 000 cas sont diagnostiqués chaque année), la thrombose est extrêmement dangereuse : elle est responsable de près de 20 000 décès annuels en France2.

Les symptômes

L’insuffisance veineuse entraine l’apparition de différents symptômes notamment :

  • une sensation de jambes lourdes, en particulier en fin de journée ;
  • des fourmillements ou un besoin irrépressible de bouger les jambes ;
  • des crampes musculaires nocturnes ;
  • les œdèmes, caractérisés le plus souvent par un gonflement des mollets, des chevilles ou des pieds ;
  • l’apparition de petites varicosités ou de varices sur les jambes ;
  • de l’eczéma au niveau des varices provoquant des démangeaisons ;
  • les ulcères variqueux, soit des plaies chroniques, qui nécessitent impérativement un traitement afin d’accélérer la cicatrisation et d’éviter une surinfection.

Quelles sont les situations à risque de l’insuffisance veineuse ?

1. L’excès de poids

Lorsque nous sommes debout, nos membres inférieurs sont fortement sollicités pour supporter le poids de notre corps. En cas d’excès de poids, les jambes subissent au quotidien une plus forte pression, ce qui entraine une diminution du retour veineux. Selon l’étude de Framingham, les personnes en surpoids avec un IMC situé entre 25 et 27 ont un risque plus élevé (+ 29 %) de développer des varices3.

2. La sédentarité

Le manque d’activité et l’inactivité physique augmentent les risques d’insuffisance veineuse. En effet, la pratique régulière d’un sport est bénéfique pour la santé cardio-vasculaire : le cœur est plus performant, la vasodilatation des artères et des veines, ainsi que la circulation sanguine sont améliorées. [VA1] On recommande de privilégier les sports d’endurance tels que la marche rapide, le jogging, la natation ou le cyclisme pour prévenir et lutter contre l’insuffisance. Attention tout de même, plusieurs études ont démontré que la pratique régulière et intensive de certains sports à risque traumatique comme le tennis, l’haltérophilie, le football ou le rugby peut détériorer les valvules présentes sur la paroi veineuse. L’activité physique permet d’augmenter la puissance musculaire et ainsi un meilleur retour du flux veines par un phénomène de pompe musculaire.

3. L’hérédité familiale

Une personne ayant de la famille souffrant d’insuffisance veineuse est également à risque d’en souffrir à son tour. Cette maladie serait héréditaire dans 80 % des cas5.

4. Le tabagisme

Fumer régulièrement nuit à la vasomotricité des veines : celles-ci perdent en tonicité avec des troubles de motricité de la paroi.

5. La grossesse

La grossesse entraine généralement l’apparition de varices : la première grossesse augmente le risque de varices de 23 %, la seconde et la troisième grossesse de 27 %, en cas de quatrième grossesse, ce chiffre passe à 31 %. Durant une grossesse, les veines ont tendance à plus se dilater à cause du déséquilibre hormonal. De plus, au fur et à mesure des jours de gestation, l’utérus va comprimer les veines et entrainer une mauvaise circulation du sang. L’insuffisance veineuse est également favorisée par les œstrogènes, des hormones permettant de réguler les cycles menstruels, et la prise de pilule contraceptive. Les femmes sont ainsi plus touchées par l’insuffisance veineuse que les hommes.

6. Certains métiers 

En raison de la force gravitationnelle, la position verticale, c’est-à-dire le fait de se tenir debout, favorise la stagnation du sang dans les membres inférieurs. Certains métiers impliquant une position verticale prolongée comme le métier de serveur, de cuisinier, de coiffeur ou d’infirmier augmentent le risque d’insuffisance veineuse. Les métiers impliquant une position assise prolongée (comptable, secrétaire, chauffeur routier, métiers sur ordinateur…) ne sont pas épargnés non plus par l’insuffisance veineuse. En comprimant les veines et en serrant les valvules, le mouvement de contraction des muscles du mollet aide le sang à remonter vers le cœur. A l’inverse, lorsque nous sommes assis, les muscles des jambes se relâchent, ce qui entraine une dilatation des veines.

7. Les voyages en avion

Les voyages en avion de longue durée peuvent entrainer des troubles de la circulation sanguine. Certains facteurs tels que la position assise prolongée, la pressurisation de la cabine de l’avion, ainsi que la chaleur aggravent la dilatation des veines et entrainent un risque plus accru de présentation des signes d’insuffisance veineuse. Durant un voyage en avion, on recommande d’éviter de croiser les jambes, de se lever régulièrement et de marcher dans le couloir de l’avion, de boire beaucoup d’eau pour éviter la déshydratation et de porter des vêtements amples et des bas de contention.

TRAITEMENT :

Le traitement est avant tout préventif, en limitant les facteurs favorisant l’apparition d’une insuffisance veineuse. Quand les signes apparaissent, plusieurs mesures ou traitement peuvent réduire voire faire disparaitre les symptômes :

  • La contention veineuse, sous forme de bas ou de bandes élastiques enroulant le membre, elle favorise le retour veineux et soulage la lourdeur de jambes et réduit les oedèmes. Elle est contre-indiquée en cas d’artériopathie des membres dans ses formes sévères.
  • Traitement pharmacologique : d’efficacité modeste, les « veino-toniques » peuvent être d’un apport ponctuel, en complément à la contention, notamment dans la saison chaude où les signes cliniques sont plus importants (et le port de contention plus pénibles).
  • Sclérothérapie : elle peut être indiquée dans l’insuffisance veineuse superficielle quand les plus gros troncs (veines saphènes) ne sont pas sévèrement atteints. Elles sont le plus souvent proposées à visée esthétique.
  • Traitement interventionnel : par voie chirurgicale classique (ou par cryothérapie) ou par méthode endo-laser, elle a pour objectif de retirer les segments de veines superficielles malades. Dans ce cas le retour veineux se fait alors exclusivement par les veines profondes. Il est donc indispensable de s’assurer de la perméabilité de celles-ci.

Sources :

  1. Association La Maladie Veineuse. Les personnes concernées en France.
  2. Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Thrombose veineuse (phlébite) ; octobre 2009.
  3. Association La Maladie Veineuse. Les facteurs de risque – l’excès de poids.
  4. Groupe d’étude sur l’hémostase et la thrombose (Geht). Recommandations formalisées d’experts – Prévention de la maladie thromboembolique veineuse postopératoire ; actualisation 2011.