Date de publication : le • Modifié le 21 mai 2021 • Temps de lecture : 5 min.

La cigarette électronique permet-elle d'arrêter de fumer ?

Vapoteuse, arrêt du tabac ?

Selon les chiffres de Tabac Info Services, 58 % des fumeurs réguliers déclarent vouloir arrêter de fumer. Depuis quelques années, l’usage de la cigarette électronique se répand en France. L’image de ce type de produit est d’ailleurs très souvent associée au sevrage tabagique mais peut-on réellement arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique ?

La cigarette électronique, c’est quoi ?

La cigarette électronique, également appelée e-cigarette, est arrivée en France au moment du renforcement de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, entre 2007 et 2008. Il s’agit d’un produit fonctionnant à l’électricité qui reproduit artificiellement la fumée dégagée lors de la combustion d’une cigarette. Développée par un pharmacien chinois dans les années 2000, l’e-cigarette ressemble à une cigarette traditionnelle.

C’est l’inspiration de l’usager qui déclenche le processus de la cigarette électronique. Un brouillard composé de fines particules, appelé « aérosol » ou plus communément « vapeur », est alors libéré pour finalement être inhalé par le consommateur. En temps normal, l’aérosol ne contient pas de monoxyde de carbone, une molécule responsable de maladies cardio-vasculaires, ni de substances cancérigènes.

Peut-on arrêter de fumer grâce à l’e-cigarette ?

L’e-cigarette reste aujourd’hui un sujet de controverse car on ne connait pas encore les conséquences et les effets à long terme du « vapotage » sur la santé. Actuellement, la cigarette électronique ne dispose pas d’une autorisation de mise sur le marché (AMM). De ce fait, les pharmacies n’ont pas le droit de la vendre. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)1 recommande d’ailleurs de ne pas consommer ce type de produit. Pourtant, plus de 8 millions de Français ont déjà expérimenté la cigarette électronique et entre 1,1 et 1,9 million l’utiliserait quotidiennement.

Une dépendance à la nicotine encore méconnue

La nicotine présente dans le tabac a un fort pouvoir addictif : en agissant sur les récepteurs nicotiniques présents dans le système nerveux, elle procure instantanément du plaisir et une sensation de bien-être chez le fumeur. De ce fait, la nicotine créé une forte dépendance physique et  psychologique.

Certaines e-cigarettes contiennent de la nicotine dans les cartouches et donc dans le e-liquide. Jusqu’en 2009, la composition des cartouches des cigarettes électroniques était peu contrôlée : certaines marques proposaient des cartouches sans nicotine, avec une « faible », une « moyenne » ou une « forte » concentration de nicotine. Or en 2011, après l’étude par la Direction des laboratoires et des contrôles de plus de 18 cartouches, il s’est avéré que certaines cartouches dites « à faible » concentration de nicotine contenaient en réalité une plus forte teneur en nicotine que celles dites « à haute » concentration de nicotine.

Aujourd’hui, les cigarettes électroniques et les e-liquides sont de meilleures qualités et la concentration précise en nicotine est indiquée. En France, les cartouches contiennent un taux de nicotine pouvant aller de 0mg/ml à 20mg/ml2 mais l’ANSM demande aux fabricants de ne pas dépasser plus de 10mg/ml de nicotine par cartouche.

En raison de la méconnaissance de la cinétique de la nicotine libérée par la cigarette électronique, c’est-à-dire de la vitesse à laquelle la nicotine atteint le sang puis le cerveau, il est difficile aujourd’hui de se rendre compte précisément du pouvoir addictif de l’e-cigarette. Par exemple, la nicotine présente dans une cigarette traditionnelle met moins de 10 secondes pour atteindre le cerveau, c’est ce qu’on appelle l’effet « shoot ». L’arrivée brutale de la nicotine au niveau des récepteurs produit un besoin qui incite le fumeur à prendre une nouvelle bouffée. A contrario, les substituts nicotiniques diffusent la nicotine de manière lente et progressive dans l’organisme, ce qui ne favorise pas le besoin de la prochaine prise. Etant donné qu’on ne sait pas encore si la cigarette électronique est plus proche de la cinétique d’une cigarette traditionnelle ou des substituts nicotiniques, il est impossible d’affirmer que l’e-cigarette entraine une forte dépendance physique.

Une alternative aux substituts nicotiniques

Depuis son arrivée, la cigarette électronique est perçue comme un moyen efficace d’aide au sevrage tabagique : selon une enquête menée en novembre 2013 par un des leaders du marché de la cigarette électronique3, un peu plus de 4 Français sur 10 (43 %) sont convaincus que l’e-cigarette est un moyen efficace pour arrêter de fumer ou diminuer sa consommation de tabac.

Selon l’enquête ETINCEL-OFDTmenée en novembre 2013, la majorité des utilisateurs de l’e-cigarette sont d’anciens fumeurs (1/3) ou des fumeurs actuels (2/3). Ils sont d’ailleurs nombreux à affirmer qu’ils ont recours à la cigarette électronique afin d’arrêter définitivement le tabac (51 %) ou de réduire leur consommation (30 %). L’e-cigarette est souvent considérée comme une alternative ou un complément au traitement de substitution nicotinique (gommes à mâcher, pastilles à sucer, inhalateurs, patchs…) et aux autres aides médicamenteuses qui ont pour but de supprimer de manière lente et progressive la dépendance physique à la nicotine.

Une consommation en baisse ?

Le marché des traitements d’aide à l’arrêt est de ce fait impacté par ce type de produit, ainsi que celui du tabac. Les ventes de tabac sont en constante baisse depuis quelques années en raison de l’augmentation du prix des paquets de cigarettes, de l’interdiction de fumer dans les lieux publics mais aussi à cause de l’augmentation des fumeurs ou ex-fumeurs qui se tournent vers l’e-cigarette : en 1999, 93,1 millions de tonnes de tabac ont été vendues tandis qu’en 2013, on comptabilisait 58,4 millions de tonnes.

Parmi la proportion d’enquêté qui sont d’anciens fumeurs mais qui utilisent quand même la cigarette électronique, 84 % affirment avoir complètement ment arrêté de fumer grâce à cette dernière, l’équivalent de 1 % de la population française. Mais qu’en est-il vraiment, l’e-cigarette permet-elle réellement d’arrêter de fumer ? Rien n’est moins sûr… Une enquête menée en Nouvelle-Zélande entre septembre 2011 et juillet 2013 a démontré que la cigarette électronique avec ou sans nicotine n’est pas plus efficace dans le sevrage tabagique complet que les substituts nicotiniques, notamment les patchs5.

Sources

  1. Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). L’Afssaps recommande de ne pas consommer de cigarette électronique ; Communiqué de presse mai 2001.
  2. Office Français de prévention du tabagisme (OFT). Rapport et avis d’experts sur l’e-cigarette ; avec le soutien de la Direction générale de la santé ; mai 2013.
  3. Enquête « Les Français et la cigarette électronique » menée par Clopinette et Ipsos les 22 et 23 novembre 2013 auprès d’un échantillon de 969 personnes âgées de 12 ans et plus.
  4. Observatoire Français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Résultats de l’enquête ETINCEL-OFDT sur la cigarette électronique ; Aurélie Lermenier et Christophe Palle ; Saint-Denis, le 12 février 2014.
  5. Bullen Christopher, et al. Electronic cigarettes for smoking cessation: a randomised controlled trial. The Lancet; volume 382; pages 1629-1637; November 2013.

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