Les résultats concrets de la prévention cardiovasculaire
Une étude française publiée en août 2017, démontre que des mesures de prévention simples permettent d’assurer une espérance de vie plus grande et un meilleur pronostic cardio-vasculaire.
Les facteurs de risque de l’infarctus du myocarde sont parfaitement identifiés. Certains sont liés à des comportements comme le tabagisme, la nutrition, l’exercice physique, la consommation exagérée d’alcool ou l’obésité. D’autres facteurs de risque ont des déterminismes complexes comme la pression artérielle, le mauvais cholestérol LDL, le bon cholestérol HDL et le diabète. Les facteurs qualitatifs nutritionnels sont importants pour lutter contre l’athérosclérose. Il s’agit de la consommation des graisses saturées, mono-insaturées, poly-insaturées, de la consommation de sucre, de sel, de fibres, de fruits, de légumes, et de poissons.
Les dernières recommandations européennes de 2016 ont mis l’accent sur les mesures préventives pour éviter d’avoir un jour un infarctus du myocarde. L’ensemble des approches comportementales, nutritionnelles et médicamenteuses sont décrites très précisément dans ces recommandations et devrait être en théorie partagées par les médecins et leurs patients potentiels.
À ce jour, aucun travail n’avait réussi à démontrer l’efficacité conjointe du contrôle de l’ensemble des facteurs de risque sur le pronostic.
Comment s’est déroulée l’étude ?
À partir d’une cohorte de 3 402 sujets âgés de 35 à 64 ans, l’équipe du Pr Jean Ferrières, Président de l’association de cardiologie Midi-Pyrénées et cardiologue au CHU de Toulouse a sélectionné 1 046 sujets qui avaient rempli un questionnaire nutritionnel quantitatif et qualitatif détaillé. Tous ces sujets ont été suivis pendant en moyenne 18 ans à la recherche des complications. 186 décès ont été enregistrés, dont 93 décès par cancer, 41 décès par maladies cardio-vasculaires et 52 décès d’autres causes.
Les résultats :
Plusieurs facteurs sont associées à une plus grande mortalité totale et cardiovasculaire : l’âge, le sexe masculin, habiter dans le Nord de la France, le tabagisme, l’hypertension artérielle, la glycémie élevée, une faible consommation d’acides gras poly-insaturés.
De manière symétrique, un faible niveau d’éducation, une consommation exagérée d’alcool, une sédentarité importante, une obésité marquée et des taux bas de bon cholestérol HDL sont associés à une augmentation de la mortalité totale.
Dans un modèle qui tient compte de l’ensemble des paramètres enregistrés, les sujets qui sont les moins adhérents aux mesures préventives ont 3 fois plus de risque de décéder de maladie cardio-vasculaire et 2 fois plus de risque de mourir.
L’équipe a extrapolé les résultats à la population française : si les sujets ayant un comportement de prévention non approprié venaient à changer de mode de vie et à se traiter si nécessaire, on éviterait 90 702 décès cardio-vasculaires et 419 020 décès toutes causes sur une période de 18 ans. En effet, les mesures préventives cardiovasculaires permettent d’éviter un nombre très important de décès par cancer car certains facteurs de risque comme le tabagisme, la sédentarité et l’obésité sont communs aux deux maladies.
Pour des sujets sains à l’entrée de l’étude, des mesures préventives simples permettent d’assurer une espérance de vie plus grande et un pronostic cardiovasculaire meilleur. Cette étude démontre que l’adhésion à ces mesures permet de rester en bonne santé.
Emilie Bérard, Vanina Bongard, Bernadette Haas Jean Dallongeville, Marie Moitry, Dominique Cottel, Jean-Bernard Ruidavets, Jean Ferrières.
Score of adherence to 2016 European cardiovascular prevention guidelines predicts cardiovascular and all-cause mortality in the general population.
Canadian Journal of Cardiology (2017)
DOI 10.1016/j.cjca.2017.06.008
France Inter en parle
Dans son journal de 7h le 31 août
A partir de 8’40