Date de publication : le • Modifié le 21 mai 2021 • Temps de lecture : 3 min.

GROSSESSE ET RISQUES CARDIOVASCULAIRES

Grossesse et risques cardiovasculaires

La grossesse peut révéler chez la femme une maladie cardiaque ignorée jusqu’alors et qui sera découverte fortuitement, mais également amplifier une pathologie connue, traitée, mais pouvant potentiellement se déséquilibrer.

Dès le premier trimestre, la grossesse demande une importante adaptation de l’organisme, avec particulièrement une augmentation du volume sanguin et du travail du muscle cardiaque, afin d’apporter tous les éléments nutritifs requis au placenta et au foetus. En outre, l’accouchement peut être assimilé à une véritable épreuve d’effort, à cause des efforts des poussées mais également des contractions utérines, qui modifient fortement le débit sanguin. Ces modifications peuvent influer sur le statut cardio-vasculaire de la future mère.

QUELLES PRÉCAUTIONS AVANT LA GROSSESSE ?

En cas de cardiopathie déjà diagnostiquée chez la femme, la grossesse doit être programmée, avec préalablement la réalisation d’un bilan pré-conceptionnel, l’obtention de l’accord du cardiologue, et si besoin une adaptation du traitement (d’autant que certains médicaments sont toxiques pour le fœtus et devront donc être remplacés). Cette consultation est également impérative en cas de diabète pré-existant (lequel doit être équilibré avant la conception).

DIABÈTE GESTATIONNEL : QUELLE PRISE EN CHARGE ?

Certaines femmes déclarent un diabète pendant la grossesse. Celui-ci est systématiquement dépisté -au premier trimestre et au 6e mois de grossesse- chez les femmes à risque (âgées de plus de 35 ans, présentant un IMC supérieur à 25, ayant un père ou une mère diabétique, ou ayant déjà donné naissance à un gros bébé). Il devra être pris en charge pour éviter des complications obstétricales ainsi qu’une hypoglycémie qui peut être dangereuse chez le nouveau-né, juste après la naissance. Une femme ayant présenté un diabète gestationnel devra ensuite effectuer une consultation post-partum afin de contrôler son bilan métabolique et de se voir proposer des règles hygiéno-diététiques adaptées. Ce bilan devra être renouvelé chaque année.

PRÉ-ÉCLAMPSIE : UNE URGENCE POTENTIELLEMENT GRAVE

Survenant à partir de 20 semaines d’aménorrhée (parfois juste avant ou après l’accouchement), la pré-éclampsie est une hypertension artérielle (HTA) gravidique associée à l’apparition de protéines dans les urines. Survenant dans 5% des grossesses (40 000 femmes par an en France), elle est liée à un défaut d’implantation du placenta et peut, dans les cas graves, mettre la vie de la femme et de l’enfant en danger. Si des médicaments antihypertenseurs permettent de gagner du temps pour limiter la prématurité, seule l’interruption de la grossesse permet de guérir la patiente. Une cure de corticoïdes, destinés à accélérer la maturation des poumons du bébé, seront parfois effectuées avant de déclencher un accouchement prématuré.

Si la pré-éclampsie est parfois découverte lors du suivi classique de grossesse (pendant lequel la recherche de protéinurie et la mesure de la tension artérielle sont régulières), elle peut aussi apparaître brutalement, déclenchant maux de tête violents, troubles visuels, douleurs abdominales, oedèmes qui doivent pousser à consulter dans l’urgence. Certains facteurs de risques sont connus (diabète antérieur à la grossesse, HTA, obésité, insuffisance rénale, lupus, âge supérieur à 40 ans, antécédents familiaux), mais la pré-éclampsie survient dans les ¾ des cas lors d’une première grossesse, et le risque de récidive est de 15 à 20% seulement. Toutefois, après la survenue d’un tel incident, il importe d’effectuer un bilan post-partum avec un médecin spécialisé, afin d’identifier de potentiels facteurs de risques pouvant être pris en charge (HTA par exemple). Là encore, la mère effectuera un bilan cardiovasculaire et recevra si besoin recommandations ou traitement adapté. Un suivi au long cours s’impose, la pré-éclampsie augmentant le risque de pathologies cardio-vasculaires.

Merci au Professeur Véronique Houfflin Debarge, gynécologue obstétricienne et Responsable de la maternité Jeanne de Flandre au CHU de Lille.

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