Date de publication : le • Modifié le 11 août 2021 • Temps de lecture : 4 min.

L'insuffisance cardiaque

L’insuffisance cardiaque

La France compte 1 million d’insuffisants cardiaques.

Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ?

L’insuffisance cardiaque est un état pathologique indiquant que la pompe cardiaque n’est plus capable d’assurer un débit sanguin suffisant pour satisfaire les besoins de l’organisme.

Pour assurer l’expulsion du sang dans l’ensemble de l’organisme, le cœur est habitué à compenser dans certaines situations : par exemple, en cas d’effort, il augmente sa fréquence et son débit. En cas de maladie des valves, des artères ou du muscle lui-même, le cœur va fournir plus d’efforts pour remplir sa mission ce qui peut entraîner, à la longue, des modifications physiologiques, par exemple son hypertrophie ou un épaississement des parois des ventricules. A leur tour, celles-ci diminuent ses capacités à compenser.

A ce stade, le cœur n’est plus capable d’assurer un débit de sang suffisant pour couvrir les besoins du corps en oxygène, d’abord en cas d’effort puis même au repos.

Contrairement aux idées reçues, l’insuffisance cardiaque n’est pas une maladie de vieillard, chronique, sans traitement efficace, limitée au cœur, toujours grave. Elle peut aussi être une maladie de l’enfant et de la femme enceinte, une urgence vitale (œdème aigu pulmonaire, mort subite), une maladie infectieuse et susceptible de guérison (myocardite), une maladie génétique et familiale, une maladie de l’alimentation (alcool, déficit vitaminique…), une maladie à l’arsenal thérapeutique extraordinairement développé.

Elle survient cependant, dans la majorité des cas chez des sujets âgés ou très âgés.

L’insuffisance cardiaque diastolique

C’est l’insuffisance cardiaque de remplissage. Elle est la conséquence d’un muscle cardiaque épaissi, rigidifié et c’est un volume réduit de sang, donc d’oxygène et des autres substances vitales qu’il transporte, qui sera par la suite envoyé dans l’organisme.

La première cause de l’insuffisance cardiaque diastolique est l’hypertension artérielle, maladie souvent sans symptôme apparent (on la surnomme le tueur silencieux). Mal ou non traitée, elle aboutit à la longue à un épaississement du muscle cardiaque, qui s’est heurté pendant des années à un forte pression des artères et a dû « pousser plus fort » pour maintenir un débit constant.

Un rétrécissement de la valve aortique, entre le ventricule gauche et l’aorte, est une autre cause de l’insuffisance cardiaque diastolique. Avec l’âge, cette valve peut se calcifier et devenir un obstacle au libre passage du sang, obligeant le cœur à lutter pour forcer le passage, conduisant à l’épaississement du muscle cardiaque et la réduction de sa puissance.

L’insuffisance cardiaque systolique

Dans la majorité des cas l’insuffisance cardiaque systolique est « ischémique » (liée à une atteinte coronaire). Lorsqu’il n’y a pas d’atteinte des coronaires, il s’agit d’un affaiblissement primitif du muscle cardiaque pour lequel on ne trouve pas d’explication dans 90% des cas, on parlera alors d’une cardiomyopathie dilatée idiopathique.

Les symptômes de l’insuffisance cardiaque

L’essoufflement est le premier symptôme tangible de l’insuffisance cardiaque : d’abord une difficulté à respirer, liée à l’engorgement de sang dans les poumons, ressentie comme un simple inconfort respiratoire, puis un véritable essoufflement à l’effort, qui peut s’aggraver en se manifestant même au repos. Signe d’aggravation majeure, le fait d’être essoufflé quand on est allongé, plus encore que lorsqu’on est assis. Il s’agit là d’un signe nécessitant une consultation d’urgence, voire un appel au 15.

La fatigue est le deuxième symptôme de l’insuffisance cardiaque, ressentie même pour un petit effort et qui est due au déficit d’irrigation sanguine des muscles, qui en reçoivent pas un apport normal en énergie (sucre et oxygène).

Le gonflement de certaines parties du corps (foie, veines du cou, jambes), gorgées d’œdèmes, est le troisième signe alarmant. Enfin, une prise de poids importante et rapide de l’ordre d’un kilo par jour est un signe particulièrement alarmant, qui traduit une poussée d’insuffisance cardiaque. D’autres signes peuvent alerter, comme des palpitations, dues au travail excessif accompli par le cœur, ou un baisse de tension, concomitante à une réduction de la capacité d’éjection du muscle cardiaque, ainsi que des troubles de la mémoire ou de la libido.

Le diagnostic de l’insuffisance cardiaque

La consultation chez le médecin est une source précieuse et indispensable pour le diagnostic, depuis la description des signes ressentis par le patient jusqu’au palpation du foie et l’observation des jambes et des veines du cou, l’écoute du cœur et la prise de la tension artérielle.

Le médecin pourra ensuite prescrire des examens. L’échocardiographie est l’examen clé de l’insuffisance cardiaque. Non invasif, indolore, sans effet secondaire, elle permet d’évaluer la fonction cardiaque et donc d’apprécier au mieux le remplissage, l’éjection, le travail des valves, l’état des cavités…

Autres examens possibles : la coronographie (radiographie des artères du cœur), le cathétérisme cardiaque (pour mesurer la pression dans les cavités) et le test d’effort, qui permettra de mesurer l’intensité de l’effort que le cœur est capable d’accomplir.

Les causes de l’insuffisance cardiaque

Elle est le résultat de lésions cardiaques parmi lesquelles on distingue les cardiomyopathies, les maladies du poumon, qui peuvent gêner la circulation du sang ce qui se répercute sur l’efficience du cœur droit et, enfin, les maladies des valves. Assurant l’étanchéité et le passage du sang entre oreillettes et ventricules et entre ces derniers et les artères (aorte et artère pulmonaire), ces clapets peuvent présenter un rétrécissement freinant le passage du sang ou, au contraire, ne plus être suffisamment étanches au bon moment, entraînant un reflux du sang en sens inverse, obligeant le muscle cardiaque à augmenter les volumes qu’il doit éjecter pour assurer sa mission.

Certaines cardiomyopathies peuvent être d’origine génétique, suite à la mutation d’un gène spécifique, telle la cardiomyopathie hypertrophique familiale. Selon son type, l’apparition de la maladie peut être plus ou moins tardive, de la petite enfance à l’âge adulte, même si le gène mutant est présent dès la naissance. Il peut être utile d’identifier le gène en cause afin de mieux guider la prise en charge du patient, et de compléter ce test par une enquête.

Réagir dès les premiers symptômes

L’ensemble de ces signes nécessite de contacter immédiatement son médecin traitant ou son cardiologue.

En cas de manifestation aiguë, d’essoufflement interdisant de s’allonger, il ne faut pas hésiter à appeler le Samu.

Quelques images d’une IRM Cardiaque mettant en évidence une cardiomyopathie dilatée

Les images sur les plans 4-cavités (A) et petit axe (B) montrent une dilatation du ventricule gauche du à une condition de cardiomyopathie dilatée (CMD). Il s’y associe une prise de contraste tardive linéaire intramurale, en rapport avec de la fibrose intramyocardique.

beenhere

L’insuffisance cardiaque, les traitements

EN SAVOIR PLUS

Copyright : Dr V. Silvestri – Service d’Imagerie Cardiovasculaire Dr F. Pontana – CHU Lille

Sources

Chiffres insuffisance cardiaque : Saudubray T, Saudubray C, Viboud C, Jondeau G, Valleron AJ, Flahault A, et al. Prévalence et prise en charge de l’insuffisance cardiaque en France: enquête nationale auprès des médecins généralistes du réseau Sentinelles. Rev Med Interne. 2005;26(11):845-50

Les sujets associés