Date de publication : le • Modifié le 2 mai 2023 • Temps de lecture : 4 min.

L’INFARCTUS DU MYOCARDE

L’infarctus du myocarde

Chaque année, on compte en France 120 000 infarctus, qui sont à l’origine de 40 000 décès.

Qu’est-ce que l’infarctus du myocarde ?

Complication de la maladie coronaire, l’infarctus du myocarde se définit comme la nécrose d’une partie plus ou moins grande du muscle cardiaque, lorsque cette zone n’est plus irriguée par les artères coronaires lui apportant normalement l’oxygène véhiculé par le sang.

L’artère coronaire correspondante est le plus souvent obstruée par un caillot ou thrombus (thrombose) survenue sur une plaque d’athérome (athérosclérose) qui est rompue ou fissurée ce qui active la coagulation dans l’artère. Plus rarement, l’artère coronaire peut être momentanément fermée par un spasme (contraction spontanée d’une artère de durée variable), la route du sang étant ainsi coupée.

En France métropolitaine et en 20052, 312 900 personnes ont été hospitalisées pour une maladie coronaire (femme dans 1 cas sur 3), 167 301 pour un syndrome coronaire aigu ou un infarctus du myocarde, et 40 597 personnes en sont décédées (de sexe masculin dans 6 cas sur 10) ce qui représente 27,1% de l’ensemble des décès cardio-vasculaire (2ème cause de décès après les cancers).

Quels sont les symptômes l’infarctus du myocarde ?

Il s’agit en général d’une douleur très intense située en plein milieu du thorax (derrière le sternum), produisant une sensation angoissante de serrement, d’oppression évoluant initialement en vague ou, d’emblée, brutale.

Cette douleur se prolonge dans le temps (au moins vingt minutes), elle peut irradier vers la gorge, les mâchoires, l’épaule, les bras, parfois les poignets. Il peut s’y associer une fatigue intense, des sueurs, une pâleur, un essoufflement, des palpitations, un malaise, une sensation de mort imminente, ou encore des signes digestifs : nausées et vomissements. Les symptômes sont variables selon les individus et volontiers atypique chez les femmes chez qui les symptômes respiratoires et digestifs sont fréquemment au premier plan.

Parfois, une complication apparaît dès les premières minutes avec une perte de connaissance, voir un arrêt cardiaque et respiratoire : c’est la mort subite par fibrillation ventriculaire qui peut être récupérée par application en extrême urgence d’un choc électrique externe à l’aide d’un défibrillateur automatique comme on en trouve dans de nombreux espaces publics.

Si cette oppression thoracique ne cède pas spontanément au repos ou rapidement (en moins d’une minute) après prise de trinitrine sous la langue (en spray ou en comprimé), et qu’elle se prolonge au delà d’une vingtaine de minutes, il faut suspecter la survenue d’un infarctus du myocarde. Il faut immédiatement arrêter toute activité et appeler le 15 qui débutera le traitement à domicile et procédera à votre hospitalisation dans l’idéal dans une Unité de Soins Intensif de Cardiologie (USIC).

Il faut prêter attention à ces symptômes quand ils surviennent au repos ou au moindre d’effort, de façon non prolongée et répétitive. A ce stade, le muscle cardiaque n’est pas encore atteint : il est absolument impératif de consulter un médecin dans les plus brefs délais.

Quelles sont les causes d’un infarctus ?

Dans la paroi de l’artère coronaire, la rupture de la plaque se situe à la surface de celle-ci dans la lumière de l’artère. La surface de la plaque étant rompue, le contact entre le contenu de la plaque et le sang circulant génère une cascade d’événements : activation des plaquettes, formation de thrombus, production de substances qui crée une constriction de l’artère. Cette séquence va entraîner une occlusion totale ou partielle, temporaire ou permanente de l’artère coronaire à l’origine d’une interruption du passage du sang nécessaire au fonctionnement du cœur en aval de cette artère…

A la rupture est associé la formation d’un caillot (thrombus fibrino-plaquettaire) dont l’importance et la durée de développement déterminent le diagnostic immédiat. L’obstruction peut être passagère et non-occlusive. Si le thrombus obstrue totalement la lumière de l’artère, la conséquence est très souvent l’infarctus et, parfois, la mort subite.

Infarctus du myocarde, quels facteurs de risque ?

Trois facteurs de risque ne peuvent pas être corrigés : le sexe, l’âge et l’hérédité (histoire familiale d’infarctus ou d’accidents vasculaires survenu jeunes chez les parents et/ou les frères et soeurs).

D’autres facteurs de risque sont acquis et ainsi relèvent directement de nos comportements et de nos styles de vie. Ils peuvent et doivent être amendés et traités : alimentation trop riche en graisses saturéestabagismehypercholestérolémiehypertension artériellediabètesédentarité, obésité abdominale, troubles psycho-sociaux (dont stress et dépression), le fait de ne pas manger de fruits et de légumes tous les jours. Fréquemment associés, ces facteurs de risque potentialisent mutuellement leurs effets.

Que faire en cas d infarctus ?

Le facteur temps est le paramètre principal de la prise en charge thérapeutique de l’infarctus. La taille de l’infarctus augmente avec la durée de l’occlusion coronaire et la performance contractile du muscle cardiaque se détériore avec l’augmentation de cette taille.

Rien ne doit passer avant la prise en charge, en urgence absolue, du patient : convenances personnelles, crise pendant la nuit, crainte de déranger les proches ou le médecin, lieu du travail ou de vacances, etc.

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Il faut appeler le 15 dès que l’oppression thoracique se prolonge au-delà de vingt minutes.

Si on a pu réussir à diminuer la mortalité de l’infarctus du myocarde par un facteur 3 en vingt ans, c’est grâce notamment au développement des techniques invasives pour rétablir le flux sanguin de l’artère coronaire bouchée, le facteur temps est fondamental. Ainsi, les deux premières heures sont déterminantes pour mettre en œuvre les traitements qui conditionnent la vie. Le gain de survie est d’autant plus important que le rétablissement du flux sanguin du myocarde est précoce, plus complète et plus durable : réduction de la mortalité de 50 % pour un traitement lors de la première heure et de 30 % la deuxième.

La stratégie thérapeutique de référence pour déboucher (revasculariser) une artère coronaire à la phase aiguë d’un infarctus du myocarde est la réalisation d’une coronarographie en urgence complétée si possible d’une angioplastie avec implantation de stent. A ce traitement mécanique s’ajoute des médicaments qui visent à empêcher l’extension du thrombus dans la coronaire. Une stratégie alternative peut être proposée dans certaines circonstances, c’est l’injection intra veineuse d’un thrombolytique. Ce médicament a pour but de faire fondre le thrombus mais cette technique est moins efficace que l’angoiplastie et expose à une risque de saignement.

Sources :

  1.  Chiffres Infarctus
  2. L’état de santé de la population en France – Indicateurs associés à la loi relative à la politique de santé publique – Rapport 2008 – Objectif 69

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